Dans mon métier, j’ai rencontré des clients aux attentes variées, parfois complexes, souvent légitimes. Mais cette affaire allait prendre une tournure totalement inattendue.

Tout commence par un rendez-vous chez une cliente souhaitant mettre en place une surveillance et une filature visant la maîtresse de son époux. Lors de mon arrivée, je constate qu’elle est accompagnée d’un homme qui reste silencieux et en retrait tout au long de notre échange.

Je lui expose alors les limites légales de mon intervention : je peux surveiller son époux, mais en aucun cas une tierce personne sans motif légitime. À ma grande surprise, sa réaction est aussi immédiate qu’énigmatique :

— « Dans ce cas, votre intervention est inutile. L’homme qui est ici, dans cette pièce, est mon mari. »

Je marque une pause, interloqué. Pourquoi m’avoir contacté alors que son époux est juste là ?

Une histoire de sorcellerie… et d’urine de souris

Voyant mon incompréhension, elle se lance dans une explication qui défie toute logique rationnelle.

D’après elle, ce n’est pas son mari qui est infidèle. C’est sa maîtresse qui, à son tour, n’est pas fidèle. Son objectif ? Me demander de prouver l’infidélité de cette femme afin de convaincre son mari de ne pas la quitter.

L’homme jusque-là discret intervient enfin :

— « Tu perds ton temps avec ça… »

Mais son épouse continue, persuadée d’être victime d’une force obscure. Elle est convaincue que cette maîtresse n’agit pas seule :

— « Mon mari est sous l’emprise d’une sorcière qui pratique la magie noire. Elle lui jette des sorts et met de l’urine de souris dans ses plats lorsqu’il mange avec elle ! »

Je comprends immédiatement que ce dossier ne relève pas de mes compétences et tente d’expliquer calmement que je ne pourrai pas intervenir. Mais une question me brûle les lèvres :

— « Comment êtes-vous arrivée à ces conclusions ? »

Sans hésitation, elle répond :

— « Une voyante m’a tout révélé. Elle m’a apporté la lumière sur ma situation. »

À ce moment-là, je réalise que rien de ce que je pourrais dire ne la ferait changer d’avis. Je conclus poliment l’entretien, salue le couple et quitte les lieux.

Une semaine plus tard… une révélation inattendue

Je pense avoir clos définitivement cette affaire jusqu’à une semaine plus tard, lorsqu’un appel de la cliente vient me sortir de mon quotidien.

— « Je sais maintenant pourquoi vous avez refusé mon dossier ! »

Intrigué, je lui demande des explications. Sa réponse dépasse toutes mes attentes :

— « La voyante m’a dit la vérité… Vous êtes un complice de la maîtresse ! »

Un instant de silence. Je ne peux que sourire devant l’absurdité de la situation.

Dans mon métier, je suis habitué aux surprises, mais celle-ci restera sans doute l’une des plus mémorables.

Les enquêtes de filature réservent parfois des surprises. Mais celle-ci allait dépasser tout ce que j’aurais pu imaginer.

Après plusieurs jours d’une surveillance minutieuse, le verdict tombe : aucune trace d’infidélité. L’époux, bien que soupçonné par sa femme, n’a montré aucun comportement compromettant durant toute la durée de la mission. Rien. Pas un écart. Malgré un dispositif conséquent et des doutes fondés, le timing était sûrement mauvais.

Je rédige alors mon rapport, prêt à conclure ce dossier sur un constat décevant pour ma cliente, mais incontestable : aucune preuve d’adultère.

Un nouveau dossier… dans un tout autre contexte

Les semaines passent. Un autre dossier m’emmène dans un autre département. Pour limiter les frais de mission, je décide d’accepter l’hospitalité de ma tante, toujours ravie de me voir. Mais surtout, ravie de me parler de sa vie sentimentale – une histoire bien plus animée que mes surveillances nocturnes.

Les soirées chez elle se transforment en récitals de ses dernières rencontres, toujours pimentés par des anecdotes rocambolesques sur les hommes qu’elle rencontre en ligne. Pour elle, chaque prétendant est une preuve éclatante qu’elle attire encore des hommes séduisants.

Ce soir-là, alors que je suis concentré sur la rédaction de mon rapport, elle m’interrompt avec enthousiasme :

— « Regarde, je vais te montrer les derniers beaux garçons que j’ai rencontrés ! »

D’un geste fier, elle me tend son téléphone, affichant une galerie de portraits d’hommes souriants, prêts à conquérir son cœur… ou du moins à lui faire croire qu’ils en ont envie.

Je jette un regard distrait, feuilletant les clichés d’un air absent, jusqu’à ce que mon regard se fige.

Mon sang se glace.

Là, sous mes yeux, un visage familier. Un homme dont les traits me rappellent étrangement quelqu’un que j’ai déjà longuement observé…

Je prends une seconde pour vérifier. Une troisième. L’image est nette dans mon esprit. Impossible de me tromper.

C’est lui.

L’homme que j’ai filé pendant des jours. Celui dont j’ai conclu, après des heures de surveillance, qu’il n’était pas infidèle.

Le mari fidèle… ou presque

J’essaie de masquer mon trouble et commence à questionner subtilement ma tante. Elle est ravie de partager les détails :

— « Il est marié, mais ça ne me dérange pas. Il m’a dit qu’il n’est plus heureux dans son couple. On se parle souvent… On s’est même déjà vus plusieurs fois. »

Chaque information qu’elle me donne confirme un peu plus mon pressentiment.

Le choc fait place à une prise de conscience brutale : j’étais passé à côté de la vérité, simplement parce que je n’avais pas cherché au bon endroit. L’homme que j’avais suivi était bien infidèle… mais pas avec la personne que nous soupçonnions.

Je reprends mon rapport. Les conclusions vont être radicalement différentes.

Cette fois, ma cliente aura des réponses bien plus concrètes.